Sans se presser, avec méthode, membre à membre, moelle à moelle, os à os comme on mange un
canard, elle a mangé ses trois maris.
En attendant qu'il s'en présente un autre, économe et frugale,
elle se fait experte en art, en poésie,
en musique, en histoire : après le corps il faut
alimenter l'esprit.
Cette sagesse-là
devrait durer quelques saisons.
Et si un jour
l'appétit la reprend - ô destin de la chair ! -elle saura jeter son dévolu sur
Dieu : prière après prière, extase après extase,
selon son habitude, elle ne laissera
de
Lui, sublime amour, ni l'aile ni la cuisse ;
nul doute, ce sera son plus fameux festin.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012