Poèmes

Nuit marine

par Hardy Eric

Les ciseaux du phare découpent les draps de la nuit
Sans qu'elle s'en émeuve
Les badauds du quai savent que cette tâche
Ne prendra fin qu'à l'aube
Car la nuit est une ménagère dont la richesse
Est inépuisable
Des mouettes ignorent qu'elles ne riront pas
Demain
Les rêves des bateaux ne sont pas ceux des marins
Quand le zéphyr caresse leurs mâts

Et si cette nuit ne devait jamais finir
Si nous ne voyions jamais le bout de la jetée
Ne serait-ce pas formidable
De marcher sous les étoiles étonnées
Par notre endurance
Sous les étoiles jetant enfin aux orties
La bure de leur indifférence millénaire
Les passants de la promenade n'envieraient-ils pas
Notre sort
Distinguant par intermittence
Nos silhouettes de plus en plus petites

Certains nous crieront de revenir
Que la nuit a toujours été sournoise
Sous des airs accueillants
Qu'elle pourrait s'associer avec l'océan
Pour nous faire périr
Que ses vagues peuvent nous ensevelir
En l'espace d'une seconde
Qu'elles détruisent les jetées
Comme des châteaux de cartes

Inutile de nous boucher les oreilles
Regardons droit devant nous
Le merveilleux spectacle que nous découvre
La clarté des étoiles
Ne peut que nous inciter
À poursuivre notre chemin
Bientôt des albatros
Viendront piauler au-dessus de nos têtes
Pour nous encourager
Bientôt nous serons hors de portée
Des ciseaux du phare
Nous serons des évadés
Que nul ne pourra jamais
Rattraper
Bientôt nous verrons ce que nul
N'a jamais vu

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