Les humbles et austères châteaux d'eau
N'ont jamais fait rêver personne
Nombreux sont ceux qui les trouvent
Disgracieux
Même les garnements n'envisagent pas
De les prendre d'assaut
Les ingrats que nous sommes
Oublient
Qu'ils peuvent nous sauver la vie
Les châteaux forts n'ont pas besoin
De recouvrer leur jeunesse moyenâgeuse
Pour gagner nos suffrages
L'histoire dont ils sont chargés
Les revêt des plus beaux atours
Et nul ne saurait résister au charme
De ruines prestigieuses
Qui n'a pas rêvé de mener
La vie de château
Fût-ce au prix de sa santé
Mais les désillusions ne se dissimulent-elles pas
Derrières les tableaux de maîtres
Et sous les socles des statuettes anciennes
Le Château tout court
Est ce lieu du pouvoir
Honni ou aimé
Tout dépend de qui l'occupe
Les chats les plus joueurs
Hélas
N'y changent rien
Et ne me parlez pas du Shah
Il est difficile de ne pas devenir
Philosophe
Devant un grand château de sable
Détruit par une vague
Le château de cartes
Nous fascine
Tant sa symbolique est forte
Et son écroulement peut nous navrer
Autant
Que celui d'un immeuble
Mais nos préférés demeurent
Les châteaux en Espagne
Que nous bâtissons
Tout au long de notre vie
Sans les efforts qu'ils requièrent
Comme nos existences seraient ternes
Et les conflits plus nombreux
Tous ces projets chimériques
Existent dans nos têtes
Nous métamorphosent
Et rendent le monde vivable