Poèmes

Le dormeur du Labyrinthe

par Hardy Eric

Il y avait plus de cinq heures que j'errais
Dans le Labyrinthe
Quand
Au détour d'un couloir
Je vis un spectacle qui me sidéra

Le Minotaure
Le terrible Minotaure
Ce monstre à corps d'homme et à tête de taureau
Qui chaque année dévorait
Sept jeunes gens et sept jeunes filles
Dormait paisiblement
Le buste adossé contre une paroi
Et ses puissantes jambes allongées
Sur un tapis figurant Pasiphaé
Reine de Crète
Entourant de ses bras d'ivoire
Le col d'un taureau blanc

Je n'en crus pas mes yeux
Bien qu'il fût logique
Que même les monstres fussent contraints
De payer leur tribut à Morphée
Environ dix mètres nous séparaient
L'un de l'autre

Était-ce une feinte
Allait-il se jeter sur moi quand je passerais
Devant son mufle
J'avais la possibilité de rebrousser chemin
Mais je pensai
Simple hypothèse
Que la sortie du Labyrinthe
Devait se trouver non loin du Minotaure

Je pris donc mon courage à deux mains
Et passai devant le monstre sur la pointe des pieds
Il ne bougea point
Alors que son odorat n'était probablement qu'assoupi

Je poursuivis mon chemin à travers les couloirs
Sinueux
Du Labyrinthe
Qu'éclairaient faiblement des flambeaux
Accrochés aux murs
Il va sans dire que je ne tenais pas
Dans ma main droite comme Thésée
L'hollywoodien fil d'Ariane

J'avais lu que ce héros
Avait jadis tué à coups de poing
Le monstre endormi
Mais je ne me sentais pas de taille à renouveler
Cet exploit sur son lointain descendant

Après trois heures d'une marche infructueuse
À travers les corridors inextricables conçus par Dédale
Je me retrouvai au même point

Le Minotaure dormait toujours à poings fermés

Après être passé à nouveau devant lui
Sur la pointe des pieds
Je ne pus m'empêcher de penser
Qu'il avait probablement senti mon odeur
Mais qu'il préférait continuer de dormir
Plutôt que d'abréger un si agréable sommeil
Pour occire une proie qui ne pouvait lui échapper

Allons
Ne perdons pas espoir
Me dis-je
Je finirai bien par trouver la sortie
Du Labyrinthe

Quatre heures d'une vaine et fatigante recherche
S'étaient écoulées
Lorsque je me retrouvai pour la troisième fois
Face au monstre
Qui dormait toujours du sommeil du juste
Je tenais dans ma main droite
L'un des flambeaux qui éclairaient le Labyrinthe
À intervalles réguliers

Il ne vous aura pas échappé que ce récit
N'a pas été écrit
Par le Minotaure

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