Qu'il fasse froid qu'il vente ou qu'il pleuve
Les petits oiseaux gazouillent
Alors même qu'il fait encore nuit
Quel courage
Quel stoïcisme
Quel sens du devoir
Combien peu d'entre nous sont capables
De les imiter
Combien les okapis étaient heureux et nombreux
Il y a mille ans
Lorsqu'ils ne constituaient pas
Une espèce menacée
Sans doute alors
Cet animal aujourd'hui craintif et solitaire
Formait des troupeaux avec ses congénères
Qui sillonnaient joyeusement
La forêt de l'Ituri
Ainsi que d'autres jungles d'où il a malheureusement
Disparu
Combien les hommes sont cruels
Ne faut-il pas être particulièrement
Méchant
Pour abattre ces créatures angéliques
Et cocasses
Dont l'arrière-train ressemble fort
À celui du zèbre
C'est ce que se dit peut-être le grand gentil loup
Couché dans le lit d'une petite fille blonde
Ses terribles pattes avant
Sont posées sur le drap rose
Et il se demande si le bonnet de nuit que lui a prêté
La grand-mère de la fillette
Suffira à la rassurer
Tout en réfléchissant à l'histoire qu'il s'apprête
À lui raconter
Ce loup érudit sait que les piquebœufs à bec rouge
Ne viennent pas se poser
Sur le dos des okapis
Pour les débarrasser de leurs parasites
Mais il imagine
Peut-être à juste titre
Qu'un autre oiseau tropical
Avertit ces girafes des forêts
De l'arrivée des vils braconniers
Et autres affreux mineurs
En poussant un cri d'alarme
Comme le piquebœuf à bec rouge
Le fait pour le rhinocéros
Oui
Se dit-il
Les oiseaux ne peuvent qu'être les amis
Des adorables okapis