Poèmes

Fatalité

par Hardy Eric

Les mauvaises pensées
Tombent comme les feuilles d'automne
Tourbillonnent mélancoliquement
Avant de disparaître
Mais le printemps voit leur renaissance
Le printemps l'été
Et l'automne et l'hiver
Nulle saison nul mois
N'est exempt de ces vilains bourgeons

Que ne puis-je avec une hache virtuelle
Détruire
Cette infernale noria dont les godets narquois
Ne déversent leur eau impure
Que pour mieux en remplir
Leur panse

C'est le châtiment qui frappe
Ceux qui regardent la guerre sur des écrans
Puis qui n'ont pas le temps de s'étonner
Lorsque les obus qu'ils croyaient très lointains
S'abattent sur leurs maisons

C'est le châtiment qui frappe
Les idiots
Qui déplorent les effets
Dont ils chérissent les causes

C'est le châtiment qui frappe
Tout un chacun
Les bons comme les méchants
Les faibles comme les forts

Même le fleuve le moins pollué du monde
Est contraint de refléter
Les laids immeubles qui ont été construits
Sur ses bords

Réjouissons-nous
Nous avons encore le droit de ramasser
Les miettes de rêves
Qui tombent de la table opulente
Des puissants

De nous écrier
Qu'il nous tarde de nous embarquer
Pour Vénus

De songer que jadis
Un simple souhait
Faisait jaillir une source sous les pas
Des assoiffés

Que le Sphinx de Thèbes
Daignait jouer aux échecs avec nous
Bien qu'il fût sûr
De gagner chaque partie

Mais une voix métallique
M'intime l'ordre
D'enfermer à triple tour
Les pensionnaires de mon délire

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