Tu es morte, ma mère, et j'en suis soulagé.
Depuis trente ans tu guerroyais contre ma vie : j'aurais dû, à tes yeux, rester l'enfant boudeur qui chantait faux, qui t'apportait des coccinelles,
qui préférait tes mains glissant sur ses cheveux aux leçons de latin.
J'eus le tort de partir à la guerre, et plus tard d'accepter l'âge adulte.
Je pris femme et ce fut ma pire trahison.
J'écrivis un roman et ce fut la distance
entre nous : j'inventais combien de personnages
pour t'éloigner de moi ?
Tes sanglots, tes thromboses
et ton suicide à heure fixe : que d'efforts pour susciter l'amour et à la fois la haine !
Je garde ma tendresse au fond de sa momie.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012