Je prenais mon café, ni bougon ni joyeux, ce matin, quand j'ai lu dans mon journal cinq lignes qui annonçaient ma mort.
La surprise passée, je me suis dit qu'on me donnait enfin le droit
de n'être plus personne.
Ainsi je me sens libre d'aller où je l'entends, d'aimer qui je rencontre, d'agir sans le souci d'aucune éthique.
Au fond, pour un vieil écrivain, savoir qu'il est posthume
ne manque pas d'attrait.
L'anonymat me va comme un linceul de luxe.
Et tout à coup j'y songe : pourquoi n'irais-je pas lundi à mes obsèques ?
Les fleurs seront jolies.
Une actrice lira
un poème de moi.
Je dirai aux amis
que je suis très heureux de les avoir quittés.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012