Poèmes

Mémoire de la Rivière

par Jean Orizet

Glissante à l'épaisseur d'un homme sous le ricochet du sable futur, la rivière sculpte, entre rives et eaux vives, la mémoire de ses bancs.

Sut cette peau, née de la sécheresse, le soleil fixe l'empreinte aiguë du blaireau ou du renard venu surprendre le lapin, et celle, plus profonde, du sanglier avec sa soif.

Parfois, le courant s'enroule pour mieux rejeter un ventre blanc de chevesne qui, près de s'évanouir, veut aussi laisser au limon sa marque. En amont du grand méandre, l'eau
force le passage entre des roches plates qui étaient, pour les officiants, tables de sacrifice vite rougies, vite lavées.

Une chapelle fut dressée près de la haute paroi où le chasseur boutait son gibier.

Aujourd'hui, le toit n'existe plus, et les hardes n'ont confiance qu'à la nuit.

Vers l'aqueduc, et sur chaque versant, la garrigue masque des entrées de grottes — royaumes du calcaire que le temps distille —

On gagne, en y pénétrant, l'oubli de l'âge et des hommes, qui, tout près, font commerce de souvenirs construits de toutes pièces, pour jalonner la mort prévue sur
des élans trop rectilignes.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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