Poèmes

Méditation sur le Paradis

par Max Jacob

Max Jacob

Seigneur, tout est fini.
Voilà que tout commence.

De la cruche tombée
Dieu redresse les anses.

Seigneur, tout est fini et j'implore une place

pour l'âme dont le corps s'écroule dans sa glace.

Ma lune tourne et moi je tourne avec ma lune.

Paradis ! paradis ! qu'es-tu, mon
Paradis

un
Gibraltar ici à franchir, mais là-bas ? l'art a dit :

paysages, princes nouveaux, des dieux, des dames sages

d'anciens pécheurs ravis, avides

de répéter les psaumes de
David.

Alléluias qu'on dit en chœur

des champs de chants, l'azur mêlé de fleurs...

Impossible d'être mieux ailleurs, meilleurs !

L'été toujours : plus de saisons !

Et plus de raison : l'oraison !

La terre vue au pélagoscope !

Si vos
Présences, ô
Christ et
Père

Qui nous versez la grâce entière

Nous laissait (sic) le souci d'anecdotes de myope

on apprendrait là-bas pourquoi la terre est ronde

on saurait des milliards de siècles en deux secondes

on verrait s'épandre à la ronde

les meilleures intentions du monde.

Ah ! le contraire d'être méchant !

Pas tant de splendeurs ni de chants

mais que la terre soit ma sœur !

Seigneur !

ma poitrine a besoin d'une infinie douceur

or savoir, c'est aimer.
De l'air !

Et l'amour pour vous tous, pour
Dieu seul.

Et puis je te désire... pourquoi tant de manières ?.

Royaume de sérénité et de lumière.

Le pauvre galérien l'a senti dès le seuil.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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