Même l'amour à
Babylone est terrible.
Les femmes
Peintes, d'une voix rauque, à la tombée du soir, appellent
L'homme hirsute, et tous deux mêlent leurs cris de bête
Et s'étonnent, lorsque l'ennui relâche dans la chambre
Les plis de ses rideaux : nulle douleur ne grève
Leurs pauvres voix, et leurs yeux creux
Ne voient confusément que les grises nuées.
Alors il reste encore à profaner les mots dont on ricane.
Car le bonheur, malgré les paradis inventés, s'est enfui.
Des portes dans la nuit s'ouvrent, se ferment; des couloirs
Exposent au-dessus du dallage, au bout d'un fil, l'ampoule
nue;
Il n'est pas de bonheur.
Et l'aveugle
Devant, ses mains tremblantes tâtonnant,
Suivi des cinq aveugles qui se tiennent
L'un à l'autre, les mains sur l'épaule,
Ouvre la porte condamnée qui donne sur le vide.
Le pouls de la rapide rue en contrebas
Surgit dans l'odeur de friture avec la ritournelle
D'une chanson mauvaise.
Celui qui fume
Au pied du mur où le sourire énorme d'une femme
Ouvre des lèvres larges, voit dans le ciel émaillé
D'astres blancs, ceux qui voguent sans fin
Dans la cendre, mourir.
Alors l'aube revient quand les oiseaux
Chantent joyeusement dans les arbres de
Leicester
Square,
La complainte du jour qui vient de naître au-dessus des rues
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012