Poèmes

Lviii

par Philippe Delaveau

Même l'amour à
Babylone est terrible.
Les femmes

Peintes, d'une voix rauque, à la tombée du soir, appellent

L'homme hirsute, et tous deux mêlent leurs cris de bête

Et s'étonnent, lorsque l'ennui relâche dans la chambre

Les plis de ses rideaux : nulle douleur ne grève

Leurs pauvres voix, et leurs yeux creux

Ne voient confusément que les grises nuées.

Alors il reste encore à profaner les mots dont on ricane.

Car le bonheur, malgré les paradis inventés, s'est enfui.

Des portes dans la nuit s'ouvrent, se ferment; des couloirs

Exposent au-dessus du dallage, au bout d'un fil, l'ampoule

nue;
Il n'est pas de bonheur.
Et l'aveugle
Devant, ses mains tremblantes tâtonnant,
Suivi des cinq aveugles qui se tiennent
L'un à l'autre, les mains sur l'épaule,
Ouvre la porte condamnée qui donne sur le vide.
Le pouls de la rapide rue en contrebas
Surgit dans l'odeur de friture avec la ritournelle
D'une chanson mauvaise.
Celui qui fume
Au pied du mur où le sourire énorme d'une femme
Ouvre des lèvres larges, voit dans le ciel émaillé
D'astres blancs, ceux qui voguent sans fin

Dans la cendre, mourir.

Alors l'aube revient quand les oiseaux

Chantent joyeusement dans les arbres de
Leicester
Square,

La complainte du jour qui vient de naître au-dessus des rues



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top