Poèmes

L'excursion

par Hardy Eric

Des peupliers se promènent à travers champs
Et ne comprennent pas pourquoi
Leurs congénères ne peuvent en faire autant
Ils constatent tristement que le bocage
S'est réduit comme peau de chagrin
Depuis leur précédente promenade
Les vaches qu'ils croisent détiennent la réponse
À leur questionnement
Mais ne préfèrent pas remuer le couteau
Dans la plaie
Quant aux lapins qui en savent pourtant un brin
Sur ce sujet ils ne peuvent s'empêcher
De détaler comme des lapins
À la vue de ces géants qu'ils ont toujours connus
Immobiles comme leurs chères carottes

Nos peupliers chaussés de racines de sept lieues
Ont tôt fait d'apercevoir à l'horizon
Des HLM qu'ils trouvent fort laids
Une fois qu'ils sont à leurs pieds
Mais ô surprise
Ils s'aperçoivent que les reflets de ces immeubles
Dans le fleuve
Ne sont pas moins beaux que les leurs
Surtout à la tombée du jour
Ce spectacle surprenant
Fait frémir leurs feuilles de plaisir
Tandis que les fenêtres des immeubles
Conscientes de l'émoi qu'éprouvent ces arbres
Scintillent en rythme
Pour les remercier de leur visite

Il est temps de s'en retourner
Dans notre campagne profonde
Qui doit se languir de notre absence
Se disent-ils
Quand notre mélodieuse petite rivière
Où se baignent nos feuilles argentées
Apprendra que les eaux sont capables
De faire des miracles de beauté
Elle ne nous croira probablement pas

Mais notre bouquet de peupliers
Ignore que les petites rivières
Savent par les nuages aux paroles humides
Ces éternels vagabonds
Les merveilleuses métamorphoses
Que sont capables d'accomplir
Les longs fleuves tranquilles
Et se réjouissent avec leurs poissons
Leurs crapauds et leurs grenouilles
Que la campagne aux verts bosquets
N'ait pas le monopole de la beauté

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