Ce sont les châteaux forts
De la poésie
À ceci près
Qu'aucun pont-levis n'y donne accès
Des passages secrets
Permettent d'accéder à quelques-uns
D'entre eux
Mais rares sont les heureux
Qui en connaissent l'existence
Nous trépignons d'impatience
Devant leurs douves remplies
D'une eau hostile
Ceux qui les traversent
En barque ou à la nage
Se heurtent à l'infranchissable
Mur d'enceinte
Ils ont beau marteler de leurs poings
Le vantail de pierre de la poterne
Qu'ils avaient distinguée
Depuis l'autre côté des douves
Nul ne vient leur ouvrir
Et leurs prières insistantes
Ne font qu'effrayer les corbeaux
Que faire
Il faut nous résigner à ne pas faire partie
Des happy few
Sans doute ne sommes-nous pas assez brillants
Pour pénétrer les arcanes de ces joyaux éclatants
Les gueux que nous sommes
Ne peuvent que se perdre en conjectures
Dont rient les aristocrates des belles-lettres
Qui écrivirent ces poèmes sibyllins
Il arrive parfois
Qu'un inconnu rencontré
Dans un café enfumé
Et doté d'un esprit plus sagace
Que le nôtre
Nous explique par de pénétrantes raisons
Que ce que nous prenons
Pour des diamants
Ne sont en réalité
Que de la verroterie