C'est un grand poète
Qui vit dans sa tour d'ivoire
Engoncé dans une solitude
Hautaine
Il se croit indépendant
Autarcique
Sur le rebord de sa fenêtre
Un corbeau lui croasse
Le contraire tous les matins
Mais il ne le croit croit pas
Qui éclaire ton bureau
Lui demande le corbeau
Qui fait fonctionner
Ton réfrigérateur
Ton ventilateur
Ta machine à laver
Ton téléphone
Et ta chaîne Hi-fi
C'est la fée électricité
Lui rappelle le corbeau
Qui chauffe ton logis
C'est le magicien gaz
Qui te permet
De prendre de longs bains
Dans la baignoire
Où tu te prélasses
En fumant des cigares
C'est l'ondine eau courante
Qui préparent
Et te livrent
Les succulents
Aliments
Que tu consommes
Ce sont tes semblables
Que tu appelles
Tes dissemblables
Lui croasse le corbeau
Sans eux tu mourrais de faim
Aussi géniale que soit ton œuvre
Poétique
Tu n'es pas autarcique
Tu as besoin d'autrui
Pour te maintenir en vie
Quand reconnaîtras-tu
Que ta tour d'ivoire
A des pieds d'argile