Cette peur nous hante
Que nous soyons croyants
Ou non
Et nous savons ce que cachent
Nos rodomontades
Pourtant
Il est des gens
Qui n'éprouvent pas cette peur
Ou qui l'éprouvent moins
Que leurs semblables
Ce sont les malheureux
Pour eux la mort est un asile
Protecteur
Un endroit où ils seront à jamais
À l'abri
Des maux qui les harcèlent
Du matin au soir
Et seuls les sots peuvent affirmer
Qu'ils nourrissent une illusion
L'épouvantail qui nous effraie
Est un prince charmant
Ou une princesse souriante
Qui leur chante les louanges
Du royaume qui les attend
Sicaires oppresseurs tortionnaires
Vous ne pourrez jamais détruire
Ce domaine mystérieux
Où nul ne subit votre joug
Maladies famine pauvreté angoisses
Jamais vous n'exercerez votre vile férule
Sur cet endroit qui n'a jamais été décrit
Et d'où nul n'est jamais revenu
Ainsi les malheureux
Poursuivent-ils leur chemin de croix
Tout en sachant que le bout de celui-ci
Ne saurait être pire que les épreuves
Qui le jalonnent
Que ce chemin ne peut que les mener
À une autre Rome