L'enfant attrape un papillon : cela se mange.
Et le requin, l'enfant : cela se mange aussi.
Et
Dieu attrape le requin, pour le manger,
à moins que ce ne soit - qui sait ? - pour le principe
Mais
Dieu, répondrez-vous, qui donc le mangera, pour que la chaîne continue, et le poète n'arrête pas son beau poème en plein milieu ?
Le poème est prudent : il rebrousse chemin
car
Dieu a peur de ce poisson aux dents trop
longues, et le requin a peur de l'enfant â la flèche ; et l'enfant, de la fleur vénéneuse qui veut
passer pour un beau papillon, chacun restant sur sa faim - c'est fatal - surtout le sot lecteur qui ne sait pas que les poèmes sont mangeables.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012