Le loup, l'horrible loup qui fait peur aux enfants,
Le loup maigre et cruel qui guette,
Assassin précis, l'innocent
Et l'emporte poissé de sang,
Rentre au foyer le soir où les siens lui font fête
Et s'écrie : «
Vilains garnements,
J'espère qu'aujourd'hui vous avez été sages ?
Quand les petits loups sont méchants
Jésus pleure dans les nuages.
Votre maman n'a pas à se plaindre de vous ? » «
Non, non, s'écrient les petits loups,
Dis-lui, maman, de vraies images.
On s'est même laissé lécher
Sans pleurer!
Que nous apportez-vous, papa, pour récompense ? » «
Un beau petit agneau tout frais.
Vous voyez, il palpite encore... » «
Quelle chance!
Crient les mignons.
Papa, laissez-nous l'achever. »
«
Ils se portent bien, ils dévorent »,
Dit la louve, l'œil attendri.
Et le couple, comblé, regarde
Le joyeux carnage de ses chers petits.
«
Je n'ai jamais vu de loup plus dur, dit le garde.
Pissant le sang partout, dix balles dans le corps
Sur ses pattes brisées il se dressait encor.
La louve près de lui était déjà tuée,
Les louveteaux aussi.
Il ne défendait plus
Que des cadavres.
A la fin pourtant on l'a eu.
Et savez-vous, en rentrant de cette curée,
Ce que m'a dit la plus petite de mes filles ?
Pour un mot d'enfant, ce n'est pas banal... »
Le garde aussi aime bien sa famille...
Un monde d'innocents se tue et se torture.
Ce grouillement géant de meurtres et de mal,
Sous le regard froid de la lune,
C'est ce que l'homme appelle une nuit pure...
Pour
Monsieur
Lazareff, rien à mettre à la une
Dans son journal.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012