Poèmes

Le Bleu

par Philippe Delaveau

Lorsqu'on renverse la tête sur le sable, et que le jour décroît,

Soudain les yeux s'entrouvrent : c'est le bleu

Du ciel immense, l'espace transparent du ciel bleu, pays

De la lumière vive au-dessus de la joie de l'arbre,

Et le héron prudent pose une patte circonspecte, risque l'autre

Sur le mercure miroitant; la flaque réfléchit l'impavide, l'immense,

L'absolu bleu.
Nous oublions

Les luttes d'un cœur épris d'amour et les distances.
Le bleu

Traverse l'air impalpable, visite la branche immobile qui le salue,

Se laisse étreindre par les yeux qui le pénètrent.

Dans le vitrail éclate la fanfare du jour,

La rosace infusant le doux acquiescement de la lumière.

Même un nuage infime et haut fait concevoir

Les éloignements sans fin de la distance où glisse

Au pli de la tenture une aiguille suivie

D'un fil qui s'effiloche.
Une invisible main

Tente de coudre à l'aube enfuie le crépuscule,

Puisque emporté par son poids, le soleil

Déchire la mandorle où le temps le suspend,

Et que le bleu pâlit à l'horizon.
La mer

Répand sur ses genoux qui tremblent,

Le vaste drap où flambent ses ciseaux,
Berçant infiniment nos cœurs qui se désolent
D'être mortels encore sous l'azur éphémère.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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