Silencieux
Cachés
Assoupis
Enfouis
Au fond des étagères
Ils n'en sont pas moins victorieux
Tandis que nous nous décomposons
Dans nos froides tombes
Les doux rayons de midi
Caressent leurs pages
Ils nous survivent
Ils survivent aux gentils et aux bons
Ils survivent aux imbéciles
Aux traîtres
Aux criminels arrogants et oubliés
Qui les jetèrent dans les flammes des autodafés
Derrière les vitrines des librairies
Ils trônent paisiblement
Sur d'humbles présentoirs
Pendant que nous vaquons fébrilement
À nos occupations
Ils sont les meilleurs fruits de l'homme
C'est pourquoi
Ils traversent les siècles
Ils traversent nos guerres nos révolutions
Nos querelles idéologiques
Certains prennent parti
Mais échappent malgré tout à la mort
Même les plus ternes ont atteint le vingt-et-unième
Siècle
Un enchantement les protège-t-il
Ou bien
Le silence fascinant émanant
De leur être-là