Parce que j'ai refusé de façonner son cœur dans l'argile d'un ciel inconnu, cette femme que j'ai vue mourir, n'a cessé de fuir, et de me héler, et de grandir, à
travers toute chair féminine frappée de transparence. Plus nombreuses étaient les complices, égarées par un songe ou appelées par le tambour, plus droite
était sa flamme dans leurs yeux, plus acérée, plus blanche était la famine.
Dans les chaumes, un matin glacé, j'ai marché d un pas si fantastiquement accordé au mouvement de sa musique monotone, que j'ai cru l'extirper de mon sang comme une touffe de
chardons. Mais l'eau du torrent vient de s'assombrir. L'arôme des fleurs de l'arrière-pays se détache encore de sa lèvre. Et sa voix court parmi ma voix comme une
aiguillée de temps pur.
Table bourdonnante, enclume du désert, recevez, dispersez cette brouettée de frissons dont j'ai tiré tout le venin, dont je n'ai plus rien à apprendre.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012