De retour parmi vous
le dépôt dont j'ai la garde
est-il visible dans son tourbillon?
Parmi vous, et ne servant à rien qu'au désordre,
qu'aux semailles...
lafligeant aux siens
l'adoption d'une autre source
— et d'une autre ligature —
il se blesse, la fatalité du retour le blesse
le retranche.
mais l'exultation de ceux qu'il trahit tonne dans sa blessure.
seconde source, ou encore quelque greffe contribuant à la nuit
Comme pour hâter la tombée du jour ma dislocation au cœur lisse
j'exulte avec le rocher
dont la face obscure est celle-là
que le soleil a frappé la dernière
tard venue mais du fond de la nuit
de lèvres mal fermées qui s'obstinent
la lumière dévore, ou son absence de limites,
un espace franchi pauvrement
si je sombre je sombre avec elle le mot duel au bord des lèvres donnant sa forme au silence comme une flûte inclinée
la même érudition stridente se détache de la paroi
et empierre une route inaccoutumée
Ouverte en peu de mots,
comme par un remous, dans quelque mur,
une embrasure, pas même une fenêtre
pour maintenir à bout de bras
cette contrée de nuit où le chemin se perd,
à bout de forces une parole nue
Les fleurs lorsqu'elles ne sont plus leur fraîcheur gravit d'autres montagnes d'air
et la volupté de respirer s'affine
entre les doigts qui tardent à se fermer
sur un outil impondérable
Là-bas c'est lui qui disparaît sillon rapide, à l'aube, avant leur blessure pour qu'elles s'ajoutent à d'autres liens, fleurs, jusqu'à l'obscurité
lui, venu du froid et tourné vers le froid comme toutes les routes qui surgissent...
Tant que ma parole est obscure i) respire
ses bras plongent dans l'eau glacée entre les algues vers d'autres proies glacées comme des lampes dans le jour
Si peu de réalité parvient au vivant qu'il fasse violence ou qu'il sème hardiment sur la pierre et les eaux
le ciel tendu la scansion des marteaux quelques-uns parmi nous sont entrés intercédant pour produite de nouveaux nuages
Il ignore où le porte ce souille
ou ce bras, les miens, et c'est le prix
de notre mésalliance
de notre effacement jusqu'à la l'ourche
où la lumière s'unifie
Pays indescriptible
quand le vent se lève et le démembre
il brille, je le vois,
chaque intervalle nous absorbe
chaque pas en retrait scintillant suspend et meurtrit l'imminence du sens
les tessons du mur mieux qu'une eau morte réfléchissent les étoiles
Sous la roche elle se tient, secrète, la source qui commande d'anticiper sur son jaillissement
jamais bêche inutile, amour muré, n'ont lui si loin, si durement
avant que la nuée ne se reforme
et saigne
sous les images dispersées
les fleurs accoururent bien que rudoyées le froid des fleurs ouvertes la nuit dont les tiges percent
Ja liasse de nos vies antérieures, enfin visibles
jusqu'à
Ja goutte d'eau, arrondie
par le songe avare
d'une montagne de granit et de nuit
Dans la chambre la nuit plonge une lame fraîche et puissante comme un aileron de requin
la nuit séparée des constellations
pendant que la montagne glisse les racines du feu
portent à l'incandescence la poussière du socle et le sang transpiré par le fer
Même si de son cadavre tout ce mâchefer est épris
sa mort a favorisé
l'élargissement d'une harpe de nerfs
la lenteur d'une épissure aux prises avec les ongles arrime le cri sous la bâche
j'invente le détour qui le rendrait vivant
et l'étendue du souffle
au-delà du harcèlement des limites
lattes rongées aspects du ciel
sporades d'un récit qui se perpétue entre le ressac et la lie
Malgré l'étoile fraîchement meurtrie qui bifurque
— c'est sa seule cruauté le battement de ma phrase qui s'obscurcit et se dénoue -il est encore capable, lui, de soutenir
la proximité du murmure
Loin des écluses loin
des nasses où agonisent les couleurs
toute cime dans nos poings s'emmure et resurgit
et se renouvelle ou épauche un excès d'éclat
qui sans nous l'étoufferait
sans le sang de cette anfractuosité mortelle, et le souffle infiniment ouvert à la faveur du bond qui nous disloque contre la pierre du cri fossilisé
toute cime perdue pour les étoiles est une torche ressaisie
comme une vie détruite à l'instant dont les mains qui la tordent expriment la lumière
La vague de calcaire et la blancheur du vent traversent la poitrine du dormeur
dont les nerfs inondés vibrent plus bas soutiennent les jardins en étages écartent les épines et prolongent les accords des instruments nocturnes vers la compréhension
de la lumière — et de son brisement
sa passion bifurquée sur l'enclume
il respire
comme le tonnerre
sans vivres et sans venin parmi les genévriers
de la pente, et le ravin lui souffle
un air obscur
pour compenser la violence des liens
Je rac jetterais dehors
si c'était moi seul, cet amour compact,
tétions et mortaises,
dans le milieu du monde
arrêté,
toute sa force est dans le front bas et la corne enroulée du bélier, il charge, — comme si c'était moi sa prison, non la limite errante et la soif du ravin où je me
jetterais
si son sang sa laine noire
s'agitaient au vent du roncier, se mêlaient
à l'eau du torrent soudain
Entre la diane du poème et son tarissement
par une brèche ouverte
dans le flanc tigré de la montagne
elle jaillit, l'amande du feu, la jeune nuit à jeun derrière la nuit démantelée
comme elle se doit elle se donne
et brûle
avec de froides précautions
l'ouragan fait souche un éclair unit
la nuit à la nuit
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012