Jean-Baptiste Rousseau

Jean-Baptiste Rousseau (6 avril 1671 à Paris - 16 mars 1741 à La Genette près de Bruxelles) était un poète et auteur français. Jeune homme, il gagne les faveurs de Boileau qui l'encourage à écrire. Rousseau a commencé par le théâtre, pour lequel il n'avait aucune aptitude. Une comédie en un acte, Le Café, échoua en 1694, et il ne fut guère plus heureux avec une pièce plus ambitieuse, Le Flatteur (1696), ou avec l'opéra Vénus et Adonis (1697). En 1700, il tente une autre comédie, Le Capricieux, qui connaît le même sort. Ses malheurs commencèrent par une querelle de club au Café Laurent, très fréquenté par les hommes de lettres, et où il se livrait à des pamphlets sur ses compagnons. Une pluie de vers diffamatoires et parfois obscènes a été écrit par lui ou lui a été parfois attribué, a été la raison pour qu'il soit chassé du café. En même temps, ses poèmes, imprimés individuellement ou en manuscrit, lui acquièrent une grande réputation, faute de véritable poésie lyrique entre Jean Racine et André Chénier. En 1701, il est nommé membre de l'Académie des Inscriptions; et en 1710 il se présente comme candidat à l'Académie française.
Des vers plus offensants que jamais circulaient et les commérages prétendaient que Rousseau en était l'auteur. Des poursuites judiciaires de toutes sortes s'ensuivirent et Rousseau attribua les pamphlets à Bernard-Joseph Saurin. En 1712, Rousseau fut poursuivi pour diffamation et, sur sa non-comparution en cour, fut condamné à l'exil perpétuel. Il passa le reste de sa vie à l'étranger à l'exception d'une visite clandestine à Paris en 1738; il refusa d'accepter l'autorisation de retour qui lui fut offerte en 1716 car elle ne s'accompagnait pas d'une réhabilitation complète. Dès 1712, il avait publié une édition de son œuvre à Soleure. En 1723, il publie à Londres une édition en deux volumes de sa poésie intitulée Odes, Cantates, Epigrammes et Poésies Diverses, qui sera réimprimée plus de dix fois en 1734.
Le prince Eugène de Savoie et d'autres personnalités le prennent sous leur protection pendant son exil, et à Soleure il imprime la première édition de ses œuvres poétiques. Il rencontre Voltaire à Bruxelles en 1722. Le Pour et le contre de Voltaire aurait choqué Rousseau, qui a exprimé librement ses sentiments. En tout cas, celui-ci n'eut plus désormais d'ennemi plus féroce que Voltaire. Son oeuvre poétique se compose d'odes et de cantates formelles et en partie sacrées du caractère le plus raide, dont peut-être l'Ode à la Fortune est la plus célèbre; l'autre d'épigrammes brèves, parfois licencieuses et toujours ou presque toujours méchantes.
En tant qu'épigrammatiste, Rousseau n'est inférieur qu'à son ami Alexis Piron. La frigidité de la diction conventionnelle et la désuétude de tout rythme vraiment lyrique qui caractérisent son époque n'empêchent pas ses odes et cantates de manifester par moments une véritable faculté poétique, quoique exiguë, et insuffisante pour expliquer son extraordinaire vogue. Peu d'écrivains ont été aussi fréquemment réimprimés au XVIIIe siècle, mais même dans son propre siècle, La Harpe était parvenu à une estimation plus juste de sa valeur réelle lorsqu'il a dit de sa poésie: Le fond n'est qu'un lieu commun chargé de déclamations et même d'idées fausses.
En 1737, après avoir été victime d'un accident vasculaire cérébral, Rousseau tente d'obtenir l'autorisation de revenir à Paris et y séjourne plusieurs mois en 1738 sous un nom d'emprunt. Cependant, les démarches de certains des derniers mécènes n'ont pas abouti. La piété à laquelle il s'était converti n'était apparemment d'aucune utilité non plus. Rousseau dut retourner à Bruxelles en 1739, où il passa ses dernières années.