Contre ceux qui publient leurs propres écrits sous le nom d’autrui.
Un rossignol contait sa peine
Aux tendres habitants des bois.
La grenouille, envieuse et vaine,
Voulut contrefaire sa voix.
Mes sœurs, écoutez-moi, dit-elle ;
C’est moi qui suis le rossignol.
Vous allez voir comme j’excelle
Dans le bécarre et le bémol.
Aussitôt la bête aquatique,
Du fond de son petit thorax,
Leur chanta, pour toute musique,
Brre ke ke kex, koax koax.
Ses compagnes criaient merveilles ;
Et toujours, fière comme Ajax,
Elle cornait à leurs oreilles,
Brre ke ke kex, koax koax.
Une d’elles, un peu plus sage,
Lui dit : Votre chant est fort beau :
Mais montrez-nous votre plumage,
Et volez sur ce jeune ormeau.
Ma commère, l’eau qui me mouille
M’empêche d’élever mon vol.
Eh bien ! demeurez donc grenouille,
Et laissez là le rossignol.
Poème publié et mis à jour le: 20 October 2022