Poèmes

Genveur L'Ivrogne

par Max Jacob

Max Jacob

Épousez une pennerès ' comme il faut,

Prenez-la plutôt à la mode de
Paimpol,

avec un joli petit cou sans col,

Je serai l'ange tutélaire

qui bâtirai votre maison

avec des abeilles devant l'aire

et des meules dans leur saison,

des pommes de terre toute l'année

et des carottes et des navets.

Sacrées seront pour vous les paroles de
Jésus-Christ,

Je vous engage à suivre ce qu'il a commandé par écrit,

autrement vous serez damnés.

Sur la route de
Ploaré à l'enfer

Genvreur l'ivrogne passe en chemin de fer.

Les oiseaux sautaient parce que c'était le matin.

«
En vie tu avais le feu dans le corps,

autour tu l'auras si tu es mort.

Quant aux licheuses que tu as fait boire

pour les avoir,

tu verras la figure qu'elles font

sur les charbons.

Boucher écorcheur tu étais,

écorché tu seras par le peigne à lin des diables.

Ils aiguiseront leur meule avec ton bec à boisson.

D'en bas tu verras ta pennerès comme il faut

maigre de ventre faute de suffisance

et ses fardeaux d'enfants sur les épaules,

ta pennerès de
Paimpol,

mendier son pain sur la route de
France. »



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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