I
Il avait mis son amour dans sa maison
Son capital d'amour était placé sur sa maison :
Il avait tendu sa maison avec des étoffes,
A voir ses cadres et ses tapis son œil se réchauffe.
Il a mis des livres sur des étagères.
Il ne les lit pas, mais c'est une décoration légère.
Le dimanche, il y a toujours une petite réparation à faire
La boîte sculptée de l'horloge, le pied du vieux secrétaire.
Un jour un voisin prouve devant les juges
Que la maison est à lui-même, on la lui adjuge.
Tout le monde vous dira qu'il avait un caractère d'ange,
Mais, depuis ce temps-là, il a beaucoup changé.
Il croit que l'univers est composé de voleurs.
Il malmène sa bonne, sa femme et sa belle-sœur.
Mes diamants sont les étoiles,
Mon domaine est le sous-bois,
Toute la terre est mon patrimoine,
Tout ce qui est bleu, tout ce qui verdoie.
Tu peux bien venir,
Hérode
Avec tes soldats
Tes juges, tes voïvodes
Menés par
Judas !
II
Elle arriva chez un vieillard
Qui ne lui donnait pas un liard.
Elle arriva chez une aimée
Qui dansait doux toute l'année.
La lumière dansait aussi
Qui nous unit grands et petits.
Elle arriva chez un patron
Où les enfants tournaient en rond :
«
Fais réciter le catéchisme
Et frictionne mes rhumatismes ! »
Elle arriva dans un jardin
Où l'on bêchait soir et matin.
Voici la mer ! villas et roches
«
Ma fille ! prends brouette et pioche ! »
Elle arriva dans un palais
«
Marie ! prenez votre balai ! »
Elle arriva dans un hôtel
«
Vous avez oublié le sel ! »
Elle arriva dans un salon
«
Epluchez l'oseille et l'oignon ! »
Elle arriva chez un bon prêtre.
«
Ne restez pas à la fenêtre ! »
Elle arrive chez son enfant
Un soir elle en sortit pleurant.
Or, elle arrive au cimetière : «
Prenez-moi donc, ô pauvre terre
Qui cachez toutes nos misères ! »
Terre ! prenez-moi donc aussi,
Ce jour-là, je dirai « merci ! »
—
Il y a un dièze plus haut que la mer-
—
Vous faites des bulles de savon ?
—
Non ! je jouai de la flûte
—
Avez-vous vu des esprits, le diable ou quelque créature de myopes ?
—
J'ai cru une nuit que je voyais le diable, mais c'était les voitures d'un vidangeur.
Une autre fois, c'était les grandes lettres qui feront la manchette d'un journal.
—
Je vous donnerai un miroir encadré dans des perles fines du plus bel orient avec le reposoir de la main en corail et perles.
—
J'exécute le dièze.
C'est apocryphe et affreux.
A jamais pour toujours.
Je quitte mes amours
Misso
Longhi
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012