Poèmes

Été

par Edouard Glissant

Ce n'était pas une paume ouverte avec ses lignes,
La plaine offerte à qui voudrait la prendre.

Nous, nous ne pouvions pas accepter la gageure
D'enfermer dans nos mains le peu d'air qui passait
Sur la roche avancée,

Et d'aller pour l'offrir, craintifs, à pas légers,

Aux oiseaux diurnes des sous-bois,

Aux trous d'eau froide au fond des grottes.

L'alouette oubliée dans les livres d'école

A fait famille ici pour siffler par dizaines,

Pour monter sur la lande et les chaumes brûlants —

Et c'est profit pour nous, pour tes yeux, pour ta joie.

Autrefois quand l'automne Était sève pesante et comme un corps coupé
Dont le sang lentement partait par les sous-bois,
Quand les corbeaux criaient sur les terres labourées,

Pressentant une fête étrange à l'horizon,
Oh ! je t'ai appelée, suscitée dans les airs.

Et la fête est venue
Plus tard et de très loin
Avec ton corps.

A qui dira-t-il
Comme il aime le lierre,
Qu'il en cherche au bois
Une grande épaisseur
Pour hiverner.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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