Ma solitude est telle, aujourd'hui, que j'enlève mon squelette et lui dis de s'asseoir face à moi dans un fauteuil moelleux, pour que notre entretien soit agréable.
Il est taciturne et sirote
une liqueur, afin de retarder l'aveu d'un étrange embarras : peut-on être sincère avec quelqu'un qui vous enferme sous sa peau pendant un demi-siècle ?
Il ruse, il me sourit :
il sait que notre amour est fait de turpitudes.
Si seulement il murmurait : «
Lequel de nous, crois-tu, est le patron ; lequel, le domestique ? »,
nous pourrions discuter.
Il s'écroule soudain, pêle-mêle sternum, clavicule, mâchoire.
Dorénavant, je devrai vivre invertébré.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012