Je dis : «
Votre prénom ? »
Et elle :
«Selon vos goûts. »
Je dis : «
Choisissons-nous
Carole ? »
Et elle :
«J'accepte, pour l'instant. »
Je dis : «
Vous êtes seule ? »
Et elle :
«Mais avec vous. »
Je dis : «
On peut s'aimer ? »
Et elle :
«Votre désir a tous les droits. »
Je dis : «
Vos hommes, qui sont-ils ? »
Et elle :
«Croupiers, industriels, maîtres nageurs. »
Je dis : «
Vos préférences ? »
Et elle :
«Ceux qui sont tristes mais pas trop. »
Je dis : «
On mange ? »
Et elle :
«Les huîtres sont un bon prélude. »
Je dis : «
Quelquefois vous lisez ? »
Et elle :
«Sartre,
Camus et
Thomas
Mann. »
Je dis : «
Vous avez de beaux seins. »
Et elle :
«Moi aussi, je les aime. »
Je dis : «
Vous êtes à peu près divine. »
Et elle :
«Vous avez bien raison. »
Je dis : «
Votre cadeau... »
Et elle :
«Peut-être est-ce gratuit. »
Nous nous sommes aimés
lundi, mardi, dimanche
et le lundi suivant.
Nous avons discuté de
Flaubert,
puis de
Tolstoï.
Je dis :
«Vous avez des genoux inoubliables. »
Et elle :
«Seulement les genoux ? »
Nous nous sommes lassés l'un de l'autre,
le même jour, à la même heure,
ce qui est rare et vertueux.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012