Écrire son poème, est-ce une trahison, comme devant la mise à mort d'un innocent on détourne les yeux ?
Aligner quelques mots qui lâchent le réel pour un gramme d'azur,
est-ce dresser un paravent contre le monde affolé dans son bain, parmi l'écume noire ?
Traiter sa fable favorite en libellule par-dessus la rivière, est-ce oublier le pain
qui manque à l'homme ?
Remplacer le vrai
printemps par un printemps verbal aux toucans invisibles qui sont peut-être un peu de feu, est-ce insulter
notre nature ?
Aimer une voyelle blanche comme on aime sa fille, est-ce être dédaigneux de notre amour universel, qui nous saccage ?
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012