Ce n'est que cruauté, ce ne sont que glaçons
Qui perdent vainement les heureuses moissons
Qu'un guerrier dût cueillir en sa belle
Déesse ;
Non, ce n'est pas glaçon mais c'est qu'il veut celer
Ce flambeau trop ardent qui le ferait brûler
S'il ne dissimulait l'amour de sa maîtresse.
Il se peut garantir pour un temps seulement,
Mais avant peu de jours son feu trop véhément
Sortira de son cœur en plus grande abondance,
Comme un brasier qu'on veut sous la cendre amortir
Prend lentement vigueur, puis il vient à sortir,
Ardent et enflammé de sa vive puissance.
J'estime cet ami de couvrir son ardeur,
Aimant mieux se brûler qu'alléger sa douleur
D'un seul soupir, remède à sa langueur extrême.
C'est ainsi comme il faut les
Déesses aimer :
Endurer en aimant et plutôt consumer
Son âme qu'offenser la beauté que l'on aime.
Quand une telle
Amour s'empare de nos sens,
Les cœurs ont la faveur de cent contentements
Et le sucre plus doux de la vie amoureuse ;
L'ardeur en est secrète et secrets les moyens
D'où nous pouvons goûter les plus souverains biens
Dont le
Ciel puisse rendre une âme bienheureuse.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012