Poèmes

Complainte de L'Ouvrier

par Georges Emmanuel Clancier

Bel ouvrier de la misère

Prends ton quignon va donc au bois.

Eh ! vieux n'écoute pas les voix :


Le souvenir à quoi ça sert ?

Bel ouvrier de la jeunesse

Va donc au bois, n'en reviens pas ;

Reviens pas, vieux, sur tes histoires


Que ferais-tu de la jeunesse ?

Bel ouvrier de la frairie
En as-tu dansé de ces valses,
En as-tu aimé de ces garces
Que tu couchais dans la prairie !

Bel ouvrier de la caserne
Fanfaron bleu blanc rouge, et bleu
Comme une pomme et comme un ceme
Et le petit matin qu'il pleut.

Bel ouvrier de la misère

Prends ton quignon, va donc au bois,

Eh ! vieux n'écoute pas les voix :


Le souvenir à quoi ça sert ?

Bel ouvrier des porcelaines
Bel ouvrier des hauts-foumeaux
Bel ouvrier sans peur ni haine.
Bel ouvrier c'était trop beau,

Bel ouvrier, trop beau l'usine.
Toute la grâce des semaines
Toute l'usure de tes peines
Et toute la crasse des ruines,

Bel ouvrier poursuis tes routes :
Elles t'amèneront aux soutes
De
Dame-Notre-Mort pas fière,
Bel ouvrier de la déroute,

Et si
Dieu est là qui t'écoute,
Voudra-t-il te bercer en douce
Dans les lits de ses vieux nuages
Dans l'oubliette de lumière ?

Bel ouvrier de l'ouvrière
Volage ouvrier de l'amour
Bel ouvrier de la misère
Fidèle ouvrier de la mort



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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