LA
CHASSE
Le quadrige, au galop de ses étalons blancs,
Monte au faîte du ciel, et les chaudes haleines
Ont fait onduler l'or bariolé des plaines.
La
Terre sent la flamme immense ardre ses flancs.
La forêt masse en vain ses feuillages plus lents ;
Le
Soleil, à travers les cimes incertaines
Et l'ombre où rit le timbre argentin des fontaines,
Se glisse, darde et luit en jeux étincelants.
C'est l'heure flamboyante où, par la ronce et l'herbe,
Bondissant au milieu des molosses, superbe,
Dans les clameurs de mort, le sang et les abois,
Faisant voler les traits de la corde tendue,
Les cheveux dénoués, haletante, éperdue,
Invincible,
Artémis épouvante les bois.
Le quadrige céleste à l'horizon descend.
Et, voyant fuir sous lui l'occidentale arène.
Le
Dieu retient en vain de la quadruple rêni
Ses étalons cabrés dans l'or incandescent.
Le char plonge.
La mer, de son soupir puissant
Emplit le ciel sonore où la pourpre se traîne,
Et, plus clair en l'azur noir de la nuit sereine,
Silencieusement s'argente le
Croissant.
Voici l'heure où la
Nymphe, au bord des sources
[fraîches,
Jette l'arc détendu près du carquois sans flèches.
Tout se tait.
Seul, un cerf brame au loin vers les eaux.
La lune tiède luit sur la nocturne danse,
El
Pan, ralentissant ou pressant la cadence,
Rit de voir son haleine animer les roseaux.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012