Poèmes

Abraham

par Philippe Delaveau

Un feu dans le jardin fermé, lentement rêve.

L'arbre avare contemple son trésor inutile.

Automne campe à la fenêtre.
Ses brouillards

Ont revêtu les toits de ce silence triste

Qui fait jaillir la lampe à la proue des rideaux.

Mais où en est la nuit? dit le veilleur,

Et le rideau retombe sur la vitre éclairée.

La richesse, à quoi bon? songe tout bas la branche,

Et l'or s'écroule doucement sur les pelouses.

Là-bas, ce banc sur lequel vous aimiez vous asseoir

Est demeuré désert; et l'ombre descendue

Refoule jusqu'aux rues bruyantes les souvenirs

Qui dorent leur image sur nos branches.

Quelle est cette richesse?
Alors, le patriarche

A mis sur son épaule pour partir une besace :

Il faut gagner la nuit généreuse qui passe

Au-dessus des fumées et des visibles ciels,

Et reconnaître enfin parmi les plus lointaines

Des étoiles, celle où le souvenir

S'affine à la clarté de la lampe espérance,

Que le vent porte à l'aube et les chants à nos lèvres.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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