Tu sais, ô vaine
Muse, ô
Muse solitaire
Maintenant avec moi, que ton chant qui n'a rien
Du vulgaire ne plaît non plus qu'un chant vulgaire.
Tu sais que plus je suis prodigue de ton bien,
Pour enrichir des
Grands l'ingrate renommée
Et plus je perds le temps, ton espoir et le mien.
Tu sais que seulement toute chose est aimée
Qui fait d'un homme un singe, et que la
Vérité
Sous les pieds de l'Erreur gît ores assommée.
Tu sais que l'on ne sait où gît la volupté
Bien qu'on la cherche en tout, car la
Raison sujette
Au
Désir trouve l'heur en l'infélicité.
Tu sais que la
Vertu, qui seule nous rachète
De la nuit, se retient elle-même en sa nuit
Pour ne vivre qu'en soi, sourde, aveugle et muette.
Tu sais que tous les jours celui-là plus la fuit
Qui montre mieux la suivre et que notre visage
Se masque de ce bien à qui notre cœur nuit.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012