Poèmes

Sucre blond

par Argenty Jean

À Mériadec Gouriou, pour sa musique et son chant

Je m'envolais, remontant le long des pilotis du ciel
Tombaient depuis les nues des défroques jésuitiques
De longues chemises vides déchirées planaient
Mouvant dans les quatre dimensions leur solitude

Je m'envolais, plein d'histoires de Dieu, de Christ, plein de joie
Des lignes de tension croisaient mon Ascension
Sans commune mesure avec le temps, d'aucune durée
Biologisant, je philosophais mes molécules

Je m'envolais, dans le froid de cette colère dure
Porter là-haut le résidu de mon être de chair convulsé
Porter là-haut ma plainte et mon sel, mon désir de larmes
Porter là-haut l'espoir d'autres hommes, de femmes aimées

Je m'envolais dans la voix du chanteur improbable
Mériadec il se nomme, il écume de bretonnantes secousses
En vérité je m'envole, avec un CDD pour le rêve et les images
En vérité je m'envole à cordes, sur les ailes de guitares scies

Je m'envole dans la gorge de ma mère désespérée
De mon père désespérant, de mon frère délaissé
Je m'envole dans l'histoire de morts si nombreux que,
Volant, je me demande si ce ne sont pas leurs âmes qui me portent

Enfin, je m'envolerais, pour peu que dans mon potager
Je cueille des rames bien fraîches et vertes parmi les gouttes
De haricots longs et sans fils, de corps tendres et jeunes
Au goût de mer légèrement détourné de sucre blond

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