Ils réclamaient et pleuraient en arrachant leurs cheveux
Déchirant leurs vêtements et les membres de leurs enfants
Leurs larmes pourtant ne montaient nulle part
De nulle part non plus ne tombait nulle manne
L’Ange déchu multiplié par des milles devenait à ce point vulgaire
Accusant les femmes du malheur qui frappait la progéniture stérile
Il les frappèrent et usèrent contre leur corps leur impuissance triste
Car elles étaient aussi les petites filles de la montagne
Mais la mort n’est pas ainsi un péquin qu’on abuse
Rien ne lui en démontre
Pas même l’hystérie, pas même le délire
La mort n’a pas d’oreille pour la plainte et moins encore pour la colère
La mort n’a pas d’oreilles et se moque bien du temps
Elle sait la tendresse pour la bonté, la justice pour le Juste
Elle est bonne pour celui qui l’aime autant qu’il aime la vie
Elle viendra, que dire, elle est venue
Lamentables ils s’en furent sans d’autres biens que la poussière
Vers un autre horizon découpé au loin par le besoin
Minuscules pointillés piqués dans le revers d’une manche de Dieu
Traînant derrière eux les poupées démantibulés de leurs gosses
Ils n’avaient plus de gosses
Leurs souvenirs déjà se brouillaient
Ni la vie ni la mort ne tissèrent pour eux les draps d’un lit de paix
Il n’y avait plus de paix ni de bruits de tempêtes guerrières
Il n’y avait qu’un grand silence d’abeilles
Ainsi, invitée par l’amour et par la vérité
La montagne de tous les possibles se mue, impassible
De son extrême hauteur jaillit en forme de sarcophage
Une sentence dont il fût tout entier enveloppé de mots
Comme habillé il se mit à planer
Immense nef de fou cousu dans le langage
Il engloutit cette éternité froide sous son livre ne laissant au repos venu
Qu’un impossible silence d’ombre, de nombres et de lemmes majeurs
Le poème ici put enfin se refermer en claquant sec dans ses paumes