Lorsque pour le repos des serveurs électriques
Les restaurants, comme le jour, ferment boutiques.
Quand il ne reste plus que les bistrots ouverts
Pour préserver au clair de lune le poker
Les arbres empereurs square des
Batignolles
S'étirent, bras vaincus, et dressent leurs coupoles.
A l'heure où ce
Paris n'est plus pour un avion
Que nébuleuse d'or, œufs et constellations (et pour
Dieu ? nous sommes cela va sans se dire — même un concierge las d'avoir lu
Paris-Soir,
Même la fille, statue repeinte de l'Espoir ! —
Des gouttelettes d'âmes, un feu blanc dans la cire),
Donc quand
Paris n'est plus qu'une île effarouchée
Les enfants du square ne sont pas encore couchés
Et les jeunes bandes sportives sous les hêtres
D'adolescents sont assez fiers de ne pas l'être.
Alors nous fils de l'Apollon des
Batignolles
Nous contemplons le lac déformé par les saules
Ombre qui s'est vautrée comme mousse dans l'herbe
Et les fleurs assemblées dans un songe superbe.
Pourquoi ne pas parler aussi des feuilles ?
J'en connais de pareilles à de plats portefeuilles
Un cœur sec monté sur des tiges de choux
Escaliers de la nuit, dures comme un destin
Sotte abstraite, incomprise, correcte comme les hommes.
Ce n'est pas bégonia, c'est plutôt caoutchouc.
Je demande au gardien comment cela se nomme «
Le jardinier le sait ! quoi ! c'est un nom latin ! »
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012