Un poème est fait de sons
Qui font sens
De simples sons
Que nous entendons
Et que nous prononçons
Tous les jours
Et auxquels nous ne prêtons pas
Attention
Ce sont les sons de notre langue maternelle
Nous avons beau les entendre
Du matin au soir
Jamais nous ne nous en lassons
Seraient-ils enchantés
Les poètes
Et les lecteurs de poésie
ÉCOUTENT
Ces sons
Ces mêmes sons
Et entendent et voient des choses
Que leurs compatriotes
N'entendent ni ne voient
Apparaît un paysage
Que trois sons
Ont revêtu d'une étrange couleur
Couleur qui varie d'un lecteur
À l'autre
Nuance qu'un œil perçoit
Mais pas celui de son frère
Qui en perçoit une autre
Que ce paysage apaise
Tandis qu'il égaie son voisin
Car ces sons lui disent
Autre chose
L'océan déchaîné
Qui rugit dans des strophes
Veut nous dire quelque chose
Ces allitérations nous parlent
Ces assonances nous content
Une histoire sous-jacente
Il faut être à l'écoute des poèmes
Ne pas les lire
Avec les seules oreilles
De la raison
Qui ne s'attachent
Qu'au sens
Lisons-les avec les oreilles
De l'imagination
Qui perçoivent ce que dissimulent
De simples sons
Qui sentent que ces sons sont porteurs
De sens
De divers sens