Poèmes

Servitude volontaire

par Hardy Eric

Il s'agit de survivre
À tout prix
Même au prix de l'honneur
Emprunter des chemins
Prendre des habitudes
Que notre conscience condamne
Mais que plébiscite
Notre instinct de survie
Mieux vaut être un robot vivant
Qu'un être humain mort
Nous souffle-t-il

La réification de l'humanité
Gagne du terrain
De jour en jour
Pour le plus grand profit
Et la plus grande jouissance
De l'oligarchie
Qui ne cache même plus
Son allégeance à Satan

Nous n'aimons pas qu'un inconnu nous rappelle
Notre vie d'avant
Mal à l'aise ou plein d'aplomb
Nous lui répondons qu'il se trompe
Que sa mémoire lui joue des tours
Qu'il faut vivre avec son temps
Que la technologie n'asservit pas l'homme
Que les gouvernants ont toujours voulu le bien
Des gouvernés
Même Staline Hitler Pol Pot et Macron

De reniement en reniement
Notre pseudo-vie s'écoule plus ou moins
Paisiblement
Un homme à genoux est aussi digne
Qu'un homme debout
Ne s'agenouille-t-on pas pour prier Dieu
La collection de mensonges
De notre for intérieur
Ne cesse de grandir
Modifier le passé
Est un jeu passionnant
Qui sert l'intérêt général

Lorsque les autodafés de livres
Seront à l'ordre du jour
Nous justifierons les prétextes monstrueux
Avancer par nos maîtres
Que les fleurons de la littérature mondiale
Partent en fumée
Puisqu'ils nous empêchent de bâtir
Le meilleur des mondes
Balzac aurait dû savoir
Que seul le système de crédit social chinois
Est à même d'éradiquer les maux
Qu'il dénonce dans La Comédie humaine
Il est donc juste qu'il pâtisse
De son ignorance

Mais il va de soi
Que c'est le Discours de la servitude volontaire
D'Étienne de La Boétie
Que nous brûlerons en premier
Cet écrit séditieux est des plus dangereux
Affirment nos supérieurs
Et ils ne se trompent
Jamais

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