Poèmes

Nuit dans la Brousse

par Jean Orizet

La brousse et la nuit ne font qu'un lorsque le voyageur prend son tour de veille auprès du feu de camp. Quelques bûches ranimeront la flamme qui réchauffe et tient les bêtes
à distance.

Nuit rugissante d'Afrique: tout autour, les lionnes réunies en bandes ont commencé la chasse. Par leurs appels répercutés de proche en proche, elles se renseignent, tout en
marquant leur territoire, sur l'emplacement du troupeau d'impalas, la marche d'un koudou isolé, la ligne de fuite d'une girafe, proies déjà vaincues par le terrible coup de
patte, au terme de la poursuite. Après la curée des grands fauves, arrivent les hyènes qui raclent et brisent les os des carcasses comme en se riant.

L'aube seule ramènera le silence, annonciateur de somnolentes digestions à l'ombre des acacias nains.

Enfin, c'est l'heure des vautours, monstrueux fruits de plumes noires que le matin trouve piqués sur la cime des arbres morts : ils sont les éboueurs de ce champ de bataille et
n'auront que les restes des restes, quand le monde animal est encore assoupi, à l'exception du guépard, chasseur diurne.

Le voyageur s'éveille sous l'ébène. En contrebas, dans la rivière à sec, un froissement de roseaux indique la présence d'éléphants. Eux n'ont jamais eu
peur des lions.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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