Trompés que nous sommes
Par nos montres
Nos calendriers
Nos anciennes photographies
La lente croissance de nos enfants
Les films que nous vîmes
Durant notre jeunesse
Les chansons que nous écoutions
À cette époque
Nous oublions que notre vie
Que nous vivions vingt ou cent ans
Ne dure qu'une fraction de seconde
Au regard de l'éternité
Si nous nous en souvenions
Quotidiennement
Nous prendrions certainement
La vie avec philosophie
Combien nos peurs nos craintes
Nos angoisses nos rancœurs
Nos amertumes et nos haines
Nous apparaîtraient idiotes
Déraisonnables ou folles
Même la recherche du bonheur
Ne trouverait pas grâce à nos yeux
Et nous ne nous remémorerions pas
Avec nostalgie
Nos jours emplis de joie
Nos instants de liesse
Car leur extrême brièveté
Les rendraient indignes
De notre souvenance
Serions-nous inhumains pour autant
Non pas
Nous serions d'humbles serviteurs
Du bien
Des êtres humains
Qui auraient compris
Qu'il est bien plus intelligent
De consacrer une fraction de seconde
À la vertu
Plutôt qu'au mal
Hélas
Même les personnes dotées d'une mémoire
Prodigieuse
Oublient cela