L'ombre l'ombre l'ombre
Certains poètes n'ont que ce mot
À la bouche
Je n'ai jamais compris pourquoi
Mon ombre m'accompagne
Dès qu'il fait beau
À la campagne ou dans les villes
Et je lui sais gré
De ne pas me faire de l'ombre
Comment d'ailleurs pourrait-elle rivaliser
Avec moi
Fussé-je le plus insignifiant des hommes
Quand il fait gris elle disparaît
Et je ne lui en fais pas grief
Car je sais qu'elle n'en peut mais
Certes
Si mon ombre projetée
N'apparaissait plus sous le soleil
Je m'interrogerais
Je crois même
Que je m'alarmerais
Mais cela n'arrivera jamais
Ce n'est qu'une invention d'écrivain
N'est-ce pas
Si l'ombre était un objet
Aussi dénué d'intérêt
Que tu le crois
Les poètes n'en parleraient pas
Autant
Me souffle mon subconscient
Au fait
Que disent-ils à son sujet
Point ne le sais
Ma mémoire
Comme toutes les mémoires
Ne retient que les choses
Qui l'intéressent
Et encore
Sa paresse est exemplaire
Il vaudrait mieux
Que je ne m'exprime point
Sur un sujet qui ne m'intéresse
Guère
Et que je n'argue pas de mon ignorance
Pour dénigrer ce que j'ignore