Poèmes

Les poilus et les bobos

par Hardy Eric

Ils aimaient la France
Tandis qu'ils chérissent leurs privilèges
Ils lui sacrifièrent leur vie
Tandis qu'ils ignorent le sens de ce mot
Ils avaient foi en Dieu
Tandis qu'ils sont droitdelhommistes
Ils commirent pléthore d'actions héroïques
Tandis qu'ils vont de trahison en trahison

Faire preuve de courage était pour eux
Aussi banal que dormir
Tandis qu'ils tremblent dès qu'il entendent
Ces deux syllabes

Ils ne couraient pas après les médailles
Tandis qu'ils bavent en rêvant de promotions
Ils vécurent sans mot dire dans le froid et la crasse
Tandis qu'ils jugent leur confort inconfortable
Ils servirent à leur insu de vils intérêts
Tandis qu'ils en chantent les louanges

Ils incarnaient le meilleur de la France
L'excellence de tous ses corps de métier

Ils étaient
Ses plus brillants éléments
Ses forces vives
Ses nobles vaillants
Ses titis audacieux
Ses bourgeois transformés
Ses paysans gargantuesques
Ses aumôniers visionnaires
Ses employés imaginatifs
Ses ingénieurs verniens
Ses artistes avant-gardistes
Et classiques

S'ils avaient vécu
Si cette guerre n'avait pas eu lieu
La France serait le phare du monde
L'admirée l'adorée qui mérite de l'être

Elle n'est plus qu'un falot
Le pays des bobos
Des pleutres masqués
Des hypocondriaques
Qui marchent sur des tombes
Comme sur des trottoirs

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