Poèmes

Les Deux Bossues

par Max Jacob

Max Jacob

«
De mon temps, disait la dame en noir, les croquants pratiquaient paisiblement leurs devoirs religieux et cela était assez bon pour eux, bien assez bon pour eux. »
Cependant
M.
Maigre partit en voyage.
Il arriva dans une maison où un petit gars chauve faisait circuler une pétition.
C'était une pétition de principe.
C'était un cas de conscience en forme de pétition, un cas de conscience à l'usage des chrétiens insuffisamment morts à eux-mêmes.
Les corridors étaient pleins de malles. «
Malle » est un calembour dans le conte.
Une malle était très jolie : acajou et cuivre.
Une malle peut-elle être jolie enterrée sous d'autres malles ?
Il s'en fallait de peu que les rats ne la dévorassent.
Ce poème est une fable, hélas !
Vous voyez !... quand je vous le disais...
Du moins c'est ce que déclara
M.
Maigre après la première nuit.
Il reconnut le jour suivant son propre linge ailleurs que sur lui et chez lui : «
Faites ce que je dis et non ce que je fais », soupira-t-il.
La cour de l'hôtel était si grasse qu'il fallait une corde pour la traverser.
Deux petites bossues aux cous brillants de faux diamants des mille et une nuits apprirent à
M.
Maigre qu'elles étaient l'emblème des
Plaisirs
Faciles.
Je veux dire de la mort ! la mort ! quelque chose de pire que la mort.
Les deux bossues étaient pareilles à des rognons de veau, de nous, de mou de veau «
Pas nous !... vous !... et pas nouveau ! » dit
M.
Maigre.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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