Pour garder ma coiffe de la pluie
je suis entrée dans la hutte du sabotier.
«
Ici vous resterez, me dit-il, avec moi,
mieux vaut reine des sabotiers
que servante d'auberge.
—
Triste royauté, lui dis-je, qu'y a-t-il
dans la hutte du sabotier : vin blanc, vin rouge
et réserve d'eau-de-vie?
Une fille n'est pas adonnée aux liqueurs :
De laiterie, je n'en vois pas
ni de barattes pour le beurre.
Il faudra douze vaches laitières
à mon époux s'il veut de moi,
douze taureaux noirs, douze bœufs de charrue,
quelques charrettes avec leurs chevaux,
terres à blé, terres d'avoine,
terres de luzerne et de légumes,
trois grandes armoires à la maison,
deux lits clos avec bancs tossel
et une table pour les valets de ferme.
—
Retournez donc à votre auberge
et attendez patiemment un épouseur
en priant pour un miracle
car ce n'est point dans les auberges
que vous trouverez les propriétaires fonciers. »
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012