Poèmes

Le rustre

par Hardy Eric

Le rustre a l'ouïe très fine
Si vous marchez la nuit
Dans votre appartement
Fût-ce pendant quelques secondes
Il entend vos pas

Le rustre se saisit alors
D'un balai
Et donne des coups au plafond
Pour manifester son mécontentement

Le rustre n'en reste pas là
Si vous continuez à marcher
La nuit
Dans votre appartement

Une nuit
Le rustre serre ses dents et ses poings de rage
Prend la porte
Gravit l'escalier quatre à quatre
Et assène des coups
Contre votre porte
Si vous l'ouvrez
Le rustre donne libre cours
À sa colère
Et vos répliques tombent
Dans l'oreille d'un sourd
À l'ouïe très fine

Si vous finissez par lui claquer la porte
Au nez
Le rustre retourne chez lui
En fulminant

Le rustre n'est pas du genre
À manger sa vengeance
Froide

Le lendemain
À peine avez-vous mis un pied
Sur le palier qui dessert
Son appartement
Qu'il jaillit comme un diable
De sa boîte
Et vous poignarde
Mortellement

Le rustre émet alors un profond soupir
De soulagement
S'assied lourdement sur une marche
Et contemple fixement
Votre cadavre

Le rustre n'a-t-il pas rempli
À son insu une mission
Découvrirez-vous
Dans l'au-delà
La nature de la faute
Que le rustre
Hypothétique instrument providentiel
Était chargé de punir

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