Le
Lion dans sa tête avoit une entreprise :
Il tint conseil de guerre, envoya ses prévôts.
Fit avertir les animaux.
Tous furent du dessein, chacun selon sa guise :
L'Éléphant devoit sur son dos
Porter l'attirail nécessaire.
Et combattre à son ordinaire;
L'Ours, s'apprêter pour les assauts;
Le
Renard, ménager de secrètes pratiques;
Et le
Singe, amuser l'ennemi par ses tours. «
Renvoyez, dit quelqu'un, les
Anes, qui sont lourds,
Et les
Lièvres, sujets à des terreurs paniques. —
Point du tout, dit le
Roi; je les veux employer :
Notre troupe sans eux ne seroit pas complète.
L'Ane effraiera les gens, nous servant de trompette;
Et le
Lièvre pourra nous servir de courrier. »
Le monarque prudent et sage
De ses moindres sujets sait tirer quelque usage,
Et connoît les divers talents.
Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012