Par lassitude, on discrédite quelques mots. «
Herbe » veut dire « effroi », « horizon » signifie « azur dément ».
Le verbe « voir » ne se conjugue qu'à l'imparfait. «
Lavande » et « malaise du fleuve »
sont synonymes. «
Quatre-mâts » devient « vautour ».
On ment, on triche, on joue.
Le proverbe en danger ne peut plus se défendre.
On casse une voyelle comme un œuf de canard.
On refuse aux consonnes
l'accès à la musique douce.
On s'émerveille d'une syllabe en liberté, folle couleuvre.
On se moque sans fin de l'homme articulé.
Le tigre se traduit par une ortie, le lac
par un rocher.
Pourquoi faut-il que la parole
ait un sens, quand la chair se couvre de jurons ?
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012