Poèmes

L'Aubépin Rose a Quimper

par Max Jacob

Max Jacob

Au coin du quai de verdure
Fleurissait un aubépin :
Ses branches ombraient les figures,
Le soir, des enfants riverains.

«
Voici la chauve-souris «
Et l'heure de se coucher... «
La balustrade est pourrie «
Je vous défends d'y toucher. »

Plus tard ! j'aimais
Rosemonde ! «
J'avoue que vous me plaisez ! »
Gerbe rose au-dessus de l'onde cachait, la nuit, nos baisers.

Au
Pays de mon
Enfance,
Plein de tristes sentiments,
Je revins à quarante ans,
Pauvre et veuf sans espérance.

«
Mère, dites-moi, ma mère, «
A-t-il fleuri, l'aubépin ? —
Pour faire un quai de rivière «
On l'a coupé ce matin. »

L'aurore s'agrandit d'un bruit de sabots lourds.
Un troupeau de chevaux dont la croupe était nue
Attendait pour glisser leur fuite dans la rue,
Que le soldat laissât la place à son parcours —
Un troupeau de chevaux que la faim exaspère
Couronnait la ville muette de leurs crinières,
Repartirent à l'amble en armant des harnais
Vers quel soleil plus noir ? et quel fleuve les prit ?
D'où venaient schrapnells d'un désespoir d'artillerie ?

Aux flancs d'une jument un poulain nouveau-né !
Si l'un avait l'aspect des chevaux de caserne
L'œil gardant le souvenir des embrasements,
L'autre sentait encore le trèfle et la luzerne
Des fontaines de sang coulaient d'un cheval blanc
Il trottait, élevant la mort entre les dents.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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