Poèmes

La ruse de Cassandre

par Hardy Eric

Du haut des remparts de Troie
La population de la ville observe
Le mystérieux cheval en bois
Qui domine la plage déserte

Plus le soleil s'élève à l'horizon
Plus les traits de ce cheval géant
Deviennent visibles
Les Troyens se rendent compte
Qu'il ne s'agit pas d'une oeuvre d'art
Et que s'il était de la taille d'un bibelot
Ce cheval aux formes grossières
N'ornerait certainement pas leur salle de séjour

Après dix années de siège
Les Grecs n'ont toujours pas réussi
À s'emparer de Troie

Depuis une heure
Sinon
Un espion grec
S'entretient avec le roi Priam
À l'endroit des remparts qui offre la meilleure vue
Sur cet équidé équivoque
Cet individu douteux prétend être un déserteur
Haïssant les Grecs

Sinon présente cet immense cheval
Comme une offrande destinée à Athéna
Qu'il a façonnée avec d'autres déserteurs
Après le départ de la flotte grecque
Et affirme que sa présence dans les murs de Troie
Serait gage de victoire

Cassandre
Fille de Priam
S'était glissée à côté de son père
Sans que le roi en prît conscience
Les dieux ont condamné cette prophétesse
À ne jamais être crue
Aussi sait-elle ce qu'elle doit dire pour sauver
Troie

Mon père
Dit-elle
Cet homme ne vous ment pas
Surpris Priam se tourne vers l'émettrice de ces paroles
Et découvre sa fille à ses côtés
Qui poursuit comme suit
Ce cheval n'est pas une ruse de guerre
Nous pouvons sans crainte l'introduire
Dans notre cité
Pour en faire offrande à Athéna

Et il se passa ce qui s'était toujours passé
Priam décida de prendre le contre-pied
De l'avis de Cassandre
Et de ne pas faire entrer dans Troie
Cet inquiétant cheval de bois

Trois jours s'écoulèrent
Sous une chaleur de plus en plus caniculaire
Le quatrième jour
Aux alentours de seize heures
Les Troyens virent s'extraire péniblement
Des flancs de l'animal factice
Ulysse Ménélas Démophon
Et bien d'autres guerriers
Qui semblaient mourir de soif
Il va sans dire que les Troyens s'esclaffèrent
Devant ce spectacle grotesque
Que leur offraient leurs ennemis

C'est ainsi que les Grecs ne prirent pas Troie
Que la belle Hélène demeura jusqu'à sa mort
Dans cette cité bénie des dieux
Et que l'Empire romain ne vit jamais le jour
Puisque Énée ne fut pas contraint de s'enfuir
De Troie en flammes en portant son père Anchise
Sur son dos
En traînant son fils Ascagne d'une main
Et en tenant les Pénates dans l'autre
Ainsi que le Palladion

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